Cela fait des années que je me bats avec la solitude. Je la tiens en basse estime, lui trouvant un goût d'échec et une âcre réminiscence de mon enfance isolée. Ce ne sont là qu'euphémismes pour une réalité bien plus noire, plus mortelle, l'isolement. Maintenant je me débats, je vis avec cela, et le retour actuel est presque une suite continue des années passées.
Il plane sur dix ans une ombre de perte, de descente infiniment lente au fond d'un puit d'isolement, telle la chute d'Alice, sans lapin au bout. Se retrouver à cinquante ans aussi démuni sonne comme une défaite de la vie tout entière, de ses échos personnels et professionnels, gardant l'espoir au fond d'un étui de tissu noir. Une foi couleur charbon a défaut d'être celle du charbonnier. Un éclat bien caché comme un secret onguent à revivre, applicable sur plaies semi-ouvertes. Ce qu'elle ne sont pas encore.
Le retour en solitude est une épreuve qui me demande un oubli d'années de peine, celles dont le deuil ne peut se faire par l'ignorante euphorie. Bien au contraire. Et comme chaque jour a son lot, demain sera anniversaire d'un film de jazz et de batteur en coup de fouet. Encore plus seul.
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