Le temps d'un film, ou d'un repas, les occidentaux que nous sommes parcourent ce qui reste d'archipel du Soleil Levant. Sans quitter Paris, nous pensons voir ce qui a changé au Japon. Cela peut être tout simplement que le personnel du restaurant est chinois, ou, plus intéressant, que telle oeuvre sur pellicule promeut une sensibilité, un drame multiple, avec l'éclairage du réalisme. Loin du traité poétique en dessin animé du voyage de Chihiro.
Bien des crises ont secoué ce pays, jadis connu pour sa résilience, mais ici en 2016 nous savons tous ce que les chocs financiers et le tsunami ont laissé derrière eux. Une nation qui vieillit, se ferme au monde, et qui perd sa superbe au profit de valeurs nouvelles d'autocritiques. C'est un pays qui s'humanise au fond, se met à pleurer devant le regard de spectateurs non habitués à voir les larmes filmées en gros plans dans un longmétrage japonais. La jeunesse n'est plus souriante (elle est moqueuse), la maladie reste tenue à distance (même dix ans après les changements de législation sur le handicap), les mauvaises langues sont bien là (sans même parler des rumeurs diffusées par les medias sociaux). Tout se passe comme si un monde sans technologies et à la recherche de sa mémoire ancestrale ne pouvait connaître qu'un sort tragique. Il est ici mis en scène, filmé, zoomé, et implique en tant qu'actrice centrale une femme de plus de 80 ans et un homme perdu après des dettes, forcé de fabriquer et vendre des gâteaux sucrés alors qu'il n'en mange pas. Comme si la nature forçait l'humain à souffrir. Une tragédie.
A partir du renversement du film, la révélation aux autres de la maladie passée de l'héroïne, tout va très vite. Son départ, puis sa mort. Comme par abandon. Dans un testament enregistré, la voix de la défunte donne ses derniers conseil de vie, ou de survie, mais le cours des événement ne change pas. Le vendeur de gâteaux est réduit à une échoppe lors d'une sorte de pique nique printanier. Il est résigné, même si son sourire est apparent. N'est-ce pas le comble de la tragédie ?
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