Mais qui peut bien faire cela, ne pas se retourner ? Des gens si volontaires que seule la terre devant eux compte pour avancer ? Mais alors que dire de leur course si le pied d'appui recule (c'est obligatoire) ? Vont-ils glisser ? Tomber, à la renverse vers l'avant ? Le cliché cent fois entendu, il ne faut jaaaaamais se retourner, est du fil dont on coud les fausses histoires, les maquillages politiques de l'union, certes, mais soviétique, et l'absence de mémoire face au devoir de celle-ci fait figure de grossiers réflexes des âmes sales.
Avez-vous déjà vécu votre relation avec des gens, des vrais, sans vous retourner ? De quel abandon pouvez vous légitimement profiter, abusivement, pour tirer vos traits, blesser ceux d'un visage inengloutissable, d'un être aimé ? Je ne connais pas de morale assez élastique pour tancer ainsi la mémoire, lui donner ordre de quitter l'ordre des choses, de la blesser vous-même et donc de vous faire du mal. Paradoxe, c'est au nom de la souffrance que vos bons amis vous conseillent de ne plus penser à elle ou à lui. Une exécution sommaire contre le mur de la solidité. Des balles que vous guidez droit au coeur, pour faire plaisir aux observateurs patentés si ce n'est par le torse plaisir de vous savoir triste dans la seconde, au nom d'une rémission minute.
Choisir l'angle de son regard est une question de degrés, notre nuque et nos cervicales sont aussi là pour ça. Tourner la tête, comme on le dit du champagne, est un sens aigu que l'on devrait inscrire dans les livres de médecine, à côté du goût et de la vue. Il a sa place dans ce que toute honnête personne est capable de faire, doit réaliser, et donner à sa conscience la matière d'une vie à prendre en compte, la sienne.
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